La compagnie du Tercio

"Paroles, paroles"

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé Prévert !
Je me souviens de ces poèmes que je découvrais môme
Dans la candeur des soirs d’automne… "à l’enterrement d’une feuille morte" !
Quel drôle de poème ! Quelle drôle de saison !
Et puis, plus tard, bien des hivers après, bien des années après
J’ai découvert le Prévert engagé
Engagé côté… Humanité.
Je me souviens de ces photos…
Je me souviens
On l’apercevait
Chapeau négligemment et élégamment porté
Assis en plein air, prés d’une table bistrot
Un briard tenu en laisse, corps plié vers l’avant
Clope, éternellement vissée au bec !
J’aimais ce mec, cette attitude, et surtout ces yeux
Étrangement ouverts, ronds comme les billes de l’enfance !
Ce regard, cet incroyable regard
Ce regard a la fois, attentif, et absent à la fois !
Que regardait t’il ?
Le monde ?

C’est ça… Le monde ! Il regardait… Le monde
Étonne de le voir tourner ainsi
De le voir tourner si bien
De le voir tourner si mal !
Je me souviens de cela !
Et de cette clope vissée
De cette cigarette là…
Pas d’une autre ! Pas d’une autre !
Je me souviens du choc, à la lecture de ces poèmes de "Paroles" !
De ce goût libertaire contre les puissants, contre le pouvoir
Contre la bienséance, les biens pensants
Et les églises … Toutes les églises
Celles qui dessinent les chemins
Celles qui indiquent les voies
En intimant l’ordre de les suivre !
Et putaing !! Ca faisait du bien de voir un mec
Qui disait « merde !! » En tirant sur sa gauloise
Avec des yeux tous ronds
Avec des yeux qui regardaient les gens
Les gens qu’on ne voyait plus
A force de les voir si souvent…
« Gens de peu » comme les nomment… Les pédants,
Gens des petits métiers
Méprisés, ignorés
Ignorés, par ceux qui détiennent…
Par ceux qui …ont !
Mais qui ont quoi ?
Qui possèdent quoi… Au fait ?

Alors un jour… Où il faisait beau
Comme sous un ciel de Paris
J’ai appris ses textes
Par amour
Pour les partager. ..
Avec ceux qui ont des yeux… Tous ronds
Ceux qui aiment bien regarder les gens
Quand ils se baladent dans la rue
Sans plans, sans chemin à suivre.
J’ai choisi deux textes de « Paroles »
« Tentative de description d’un dîner de tête à Paris France » Et « La crosse en l’air » …
Le premier sur le pouvoir, critique féroce de ceux qui nous gouvernent
Le second le Prévert anti- clérical. .
Deux textes forts, denses…
Alors sortez les tables bistrots
Vissez vos clopes…
Ouvrez les yeux…
Et écoutez…
Écoutez Monsieur Prévert.

Point presse

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